Les expos d’art 1900 – A/H 2024…

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Comme pour la mode, les expositions ont leurs saisons. Celle de l’automne-hiver 2024 est riche pour la période autour de 1900, avec plusieurs expositions à découvrir sur Paris et en région parisienne.

 Caillebotte. Peindre les hommes
Musée d’Orsay – jusqu’au 19 janvier 2025

Sans grande originalité, je vous recommande en tout premier lieu de ne surtout pas rater l’exposition consacrée à Gustave Caillebotte (1848-1894) par le musée d’Orsay pour les 130 ans de sa mort : « Caillebotte. Peindre les hommes ». Même si l’angle de la masculinité ne m’a pas convaincue, les oeuvres présentées suffisent à justifier une ou plusieurs visites. Gustave Caillebotte n’est pas le plus connu des impressionnistes et une partie de sa notoriété est liée au legs de sa collection, que l’on peut découvrir en partie au 5ème étage, dans les salles impressionnistes, pendant la durée de l’exposition. Pourtant il a sans conteste su faire preuve de modernité, notamment par le choix de points de vue et de motifs très originaux. Ses cadrages novateurs sont parsemés de grands angles, de raccourcis, de vues en plongée et contre-plongée qui nous permettent d’entrer dans ses tableaux. Le célèbre tableau Rue de Paris, temps de pluie (Art Institute of Chicago), tout juste sorti de restauration, mérite à lui seul le déplacement. Il est présenté aux côtés de nombreuses études préparatoires qui permettent de constater que Caillebotte travaillait de manière assez classique. Notons que sur les 70 oeuvres exposées, beaucoup proviennent de collections particulières, que l’exposition offre une occasion unique d’admirer. Attention toutefois à choisir votre créneau de visite pour éviter les heures d’afflurence, on me signale qu’il y a beaucoup de visiteurs…

Elles: les élèves de Jean-Jacques Henner
Musée national Jean-Jacques Henner à Paris – jusqu’au 28 avril 2025

Dans un style bien différent, pour sentir des sentiers battus et découvrir des artistes méconnues dans un lieu fantastique, ne ratez pas la très belle – et scientifiquement très riche – exposition consacrée aux élèves féminines de Jean-Jacques Henner. C’est un véritable coup de coeur en ce qui me concerne! Alors que l’École des beaux-arts était, jusqu’en 1897, réservée aux hommes, ce dernier forma des femmes désirant poursuivre une carrière artistique à l’atelier des dames de son ami Carolus-Duran de 1874 à 1889, puis dans son atelier personnel. Sur ses 152 élèves recensées, très peu n’ont pas complètement disparu des radars, et encore, qui peut se targuer de vraiment bien connaître le travail de Louise Abbéma ou Juana Romani? L’exposition permet de découvrir le travail de 10 d’entre elles, leur apprentissage, leur parcours et, en mettant leurs oeuvres en regard de celles d’Henner, l’influence de leur maître. Portraits, peintures d’histoire et scènes de genre témoignent de leur talent et sont l’occasion de remettre en lumière de belles artistes comme Noémie Guillaume, Ottilie W. Roederstein ou Madeleine Smith.

Eugène Carrière, peintre humaniste et engagé
Musée Eugène Carrière à Gournay/Marne – jusqu’au 30 mars 2025

Eugène Carrière, de tendresse et d’amitié exposition reconnue d’intérêt national
Musée des Avelines à Saint-Cloud – jusqu’au 16 février 2025

Dans la même veine confidentielle, je vous incite à aller visiter les expositions consacrées à Eugène Carrière (1849-1906) par le musée Eugène Carrière à Gournay/Marne et par le musée des Avelines à Saint-Cloud. La première est consacrée aux engagements politiques et sociétaux de l’artiste, qui se distingua comme fervent défenseur d’Alfred Dreyfus, militant pour une solidarité citoyenne, soutien de la cause de la femme, pacifiste convaincu et partisan de l’abolition de la peine de mort. La seconde porte sur ses affinités artistiques et dévoile l’influence sur sa création des maîtres anciens, son cercle d’amitiés artistiques et l’impact de son enseignement sur les générations d’artistes qui lui ont succédé. L’occasion de mieux connaître la vie et l’oeuvre de cet artiste aux camaïeux sensibles, qui, selon Octave Mirbeau, « a mis dans ses toiles […] la plus noble bonté et […] la plus haute philosophie ».

Souvenirs de jeunesse. Entrer aux Beaux-Arts de Paris (1780-1980)
Beaux-Arts de Paris – jusqu’au 12 janvier 2025

Enfin, pour tout savoir sur la formation des artistes à l’École des beaux-arts de Paris et découvrir l’évolution de l’enseignement qui y fut dispensé de la fin du XVIIIe siècle à la fin de XXe siècle, ne manquez pas l’exposition « Souvenirs de jeunesse. Entrer aux Beaux-Arts de Paris (1780-1980) ». Ces « souvenirs » se composent de plus de 260 oeuvres et documents relatifs à la formation d’artistes devenus plus ou moins célèbres après avoir fréquenté, plus ou moins longtemps, les ateliers de l’école. Parmi eux figurent quelques lauréats du prestigieux Grand Prix de Rome tels que William Bouguereau (1848), Henri Regnault (1865) ou Albert Besnard (1874), mais aussi des élèves passés à la postérité bien que moins récompensés lors de leurs études, comme Léon Bonnat, Edgar Degas, Henri Fantin-Latour, Jules Bastien-Lepage, John Singer-Sargent ou encore Maurice Denis, Pierre Bonnard et Edouard Vuillard.

Visuels:
– Entrée de l’exposition Caillebotte au musée d’Orsay
– Ottilie W. Roederstein, Madeleine Smith au chevalet (peignant Jeanne d’Arc), vers 1890, exposé au musée national Jean-Jacques Henner
– Eugène Carrière, Portrait de Georges Picard (1850-1929), 1902, exposé au musée Eugène Carrière
– Vue d’une salle d’exposition des Beaux-Arts de Paris

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