Ce pastel témoigne des recherches d’Albert Besnard sur les effets de lumière, mais aussi de son originalité en matière de cadrage et de coloris. Teintée de l’influence du XVIIIe siècle et du japonisme, l’oeuvre s’inscrit également dans la mouvance symboliste et ces divers éléments entremêlés lui confèrent une puissante singularité.
Datée de 1888, elle pourrait avoir formé un pendant au pastel Fleur d’eau présenté cette année-là aux Pastellistes[1], dont le modèle semble le même. Plusieurs comptes-rendus laissent supposer qu’elle a figuré à cette exposition sous le titre Le Matin. Le Journal des artistes décrit ainsi une « figure entourée d’eau, mystérieuse dans une transparente demi-teinte » tandis que Pierre Louÿs s’extasie dans son journal : « Je sors de l’exposition des Pastellistes, de plus en plus fou de Besnard. Il a exposé là une dizaine de tableaux dont deux admirables […]. Les deux chefs-d’oeuvre sont : ”Fleur d’Eau” [… et] “Le Matin”. Mi-japonisme, mi XVIIIe siècle ; une jeune femme, la même que Fleur d’Eau […] est vue de trois quarts, avec les mêmes cheveux noirs sales, plantés à la japonaise, et la même poitrine pauvre et blanche, aperçue, entre les plis d’une étoffe […] Quand on sort de là, on emporte l’impression que le pastel est le meilleur outil des peintres, — des peintres… comme Besnard. »
[1] Reproduit dans Roger-Ballu, « La Société de pastellistes français », Revue illustrée, décembre 1887-juin 1888, p. 285, ce pastel est aujourd’hui conservé au musée d’Orsay (inv. RF39146).
Télécharger la notice d’oeuvre.