Albert BESNARD (1849-1934)
Portrait de Madame Willy Blumenthal

Ce portrait mondain représente Madame Willy Blumenthal en robe du soir dorée décolletée accessoirisée d’un boa blanc et parée de bijoux étincelants : quelques bracelets, des bagues et un bijou de tête. Assise dans un sofa, la main élégamment posée sur sa joue, elle esquisse un sourire avenant et semble inviter le spectateur à poursuivre la conversation, le cadrage frontal très resserré contribuant à donner à celui-ci la sensation d’interagir avec elle.

Artiste polyvalent, Besnard est un pastelliste virtuose qui, à l’instar des maîtres du XVIIIe siècle, excelle à rendre à l’aide de la poudre colorée le velouté des carnations et les textures des étoffes, ici la transparence des mousselines et le chatoiement de la soie de la robe ou encore la légèreté des plumes du boa. Il expose à la Société de pastellistes français dès sa création en 1885 et s’y fait remarquer au fil des ans pour ses talents de coloriste et « ses éclairages anormaux »[1], jusqu’à en devenir le président en 1908.

Original pour un portrait, le format paysage retenu permet de mettre l’accent sur le visage, la poitrine large et pigeonnante et l’épaule droite dénudée, l’utilisation du clair-obscur faisant ressortir l’éclat de la peau claire. Avec un traitement enlevé et des jeux de hachures bleues, roses et jaunes pour retranscrire les effets de la lumière artificielle sur les chairs, Besnard parvient à insuffler vie et modernité à ce portrait.

[1] Félix Fénéon, « Les expositions d’avril », La Revue indépendante, avril-juin 1889, p. 346.

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