105 études présentées début 1908 à la galerie parisienne Georges Petit permirent au public de découvrir le travail singulier de Gaston La Touche sur des petites planches de bois de format carré, qu’il utilisait pour consigner ce qu’il avait sous les yeux, à la manière d’un photographe mais en couleur. « [T]oute la diversité des choses qui passent et que nous oublions, sont fixées par un pinceau menu, précis et lumineux » nota Paul Cornu dans Art et décoration, tandis que Félix Bracquemond s’exclamait « [c]e sont des diamants ! »[1].
C’est sur l’un de ces petits panneaux que Gaston La Touche a réalisé cette copie du Miracle de l’esclave du Tintoret conservée à l’Accademia de Venise, représentant Saint-Marc venant au secours de l’esclave nu, au sol, condamné par son maître pour avoir vénéré le saint patron de Venise. Contrairement à la copie servile de son confrère Albert Maignan[2], Gaston La Touche livre une version personnelle, avec une facture très enlevée et un cadrage carré décentré sur la partie inférieure gauche de la scène.
Cette copie a probablement été réalisée sur le motif, à Venise, où Gaston La Touche s’est rendu au moins une fois, en 1905[3]. Plusieurs petites vues de la cité des doges croquées sur le motif révèlent qu’il y avait emmené ses petites planches de bois carré, ses pinceaux et ses couleurs.
[1] Léandre Vaillat, « Gaston La Touche », L’art et les artistes, mai 1908, p.119.
[2] Amiens, musée de Picardie, inv. M.P. Mn. 4646
[3] Gaston La Touche (1854-1913), les fantaisies d’un peintre de la Belle Époque, (cat.exp., Saint-Cloud, musée des Avelines, 16 octobre 2014 – 1er mars 2015), p. 127




