Originaire du Jura, Jules Machard apprend le dessin à Besançon avant d’entrer en 1861 à l’École des beaux-arts de Paris. Grand Prix de Rome en 1865, il part pour la Villa Médicis et prolonge son séjour en Italie, où il reste huit années, durant lesquelles il se consacre essentiellement à la peinture d’histoire. À son retour à Paris, il se tourne vers le portrait, une spécialisation lucrative dans laquelle il se forge une solide réputation. Son succès est d’ailleurs tel qu’on estime qu’il en aurait réalisé quelques 300 à 400 au cours de sa carrière.
Quasiment grandeur nature, ce portrait d’apparat, a été réalisé en 1900, l’année de sa mort. Au faîte de sa gloire, le peintre y démontre toute l’étendue de son talent. À l’aide d’une douce lumière et de tonalités sobres, restreintes à une palette de jaunes, d’ocres, de terres et de noir, il crée un doux écrin pour mettre en valeur la jeunesse et la beauté de cette jeune élégante corsetée à la taille de guêpe. Il excelle en particulier dans le rendu de l’épiderme et des étoffes, de la dentelle au gant de chevreau, en passant par l’éclat métallique du bijou d’épaule ou le soyeux du coussin.
Portraitiste mondain adulé à la fin du XIXe siècle, la célébrité de Jules Machard est telle que dans Du côté de chez Swann, publié 17 ans après la mort du peintre, Marcel Proust en fait le sujet de conversation à la mode, l’artiste incontournable dont le portrait aux Mirlitons[1] « fait courir tout Paris ».
[1] Exposition annuelle du Cercle de l’Union artistique.
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