Cette pointe sèche provient de l’album Salon du Champ-de-Mars de 1893, album contenant 20 gravures originales d’après les œuvres les plus remarquées au Salon de la Société nationale des Beaux-Arts. Elle est inspirée par l’un des quatre tableaux exposés par Pascal Dagnan-Bouveret, Dans la prairie, commandé par le célèbre acteur Coquelin aîné (1841-1909) et actuellement conservé en collection privée.
Il représente une jeune gardeuse de vache offrant au spectateur un visage triste, tandis que son animal est occupé à brouter. Le cadrage très serré sur la paysanne et sa vache, figurées au premier plan sur fond de vaste prairie déserte, met en exergue la dureté de son humble condition, tandis qu’en lui entourant la tête du vêtement sombre dans lequel elle s’est emmitouflée, l’artiste semble vouloir l’élever au rang de madone.
Cette œuvre à la composition simple mais efficace compte parmi les dernières produites par Dagnan-Bouveret durant sa période naturaliste et n’est pas sans présenter déjà quelques accents symbolistes. « En la contemplant, les idées les plus sérieuses ne vous gagnent-elles pas ? » s’exclame un critique d’art[1], pour qui « Mr Dagnan-Bouveret fait jaillir la poésie de la réalité strictement observée et rendue ».
La version gravée adapte légèrement la composition, éliminant la tête de la vache pour se concentrer sur la paysanne et ajoutant une petite grenouille assez étonnante dans l’angle supérieur gauche.
[1] A. Pallier, « Le Salon de 1893 », La Liberté, 9 mai 1893, p. 2.
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